Les chiffres des violences faites aux femmes à Djénine (Palestine)
Dans le cadre de la semaine "Femmes du Monde en Seine-Saint-Denis", l'Observatoire International des Violences faites aux Femmes a reçu une délégation de l'Observatoire de Djénine, composée de Maysoun Dawoud et de Mirvat Zakarna. Durant un an, l'équipe de Djénine a élaboré un diagnostic juridique et chiffré en coordination avec de nombreux partenaires. Objectivant le réel et soulignant les besoins urgents, ces chiffres sont de précieux outils pour penser la réalité et la transformer.
Durant cette première année de travail, les équipes locales de Djénine ont adopté une approche plurielle en travaillant avec de nombreux partenaires. Ce diagnostic est à l’image du travail partenarial local en unissant société civile et institutions gouvernementales. Ainsi, près de 10 partenaires ont permis d’obtenir un regard chiffré sur les violences:
- Services de Police par l’intermédiaire de la Division de la Protection Familiale
- La Justice
- Les services locaux du Ministère des Affaires Sociales
- Les services locaux du Ministère des Femmes
- Les services locaux du Ministère de la Santé
- L’hôpital de Djénine
- L’association Canaaniat
- L’association Al Najda
- L’association pour la protection et l’empouvoirement de la Jeunesse
- L’association pour le Développement des femmes rurales
Les violences physiques, sexuelles et psychologiques
Les institutions gouvernementales sont les interfaces envers lesquelles les femmes en très grand danger se tournent, c’est-à-dire ayant subi plusieurs actes de violences avant la révélation. En moyenne, les femmes victimes se présentent à la police après avoir subi 2,3 actes de violences et devant la justice après 1,5 actes, avec une surreprésentation des violences psychologiques, physiques et sexuelles. En effet, 46% des femmes qui se sont présentées à la police étaient victimes de violences physiques, 46% de violences psychologiques et 8% de violences sexuelles.
En première analyse, ces chiffres montrent que les femmes sont victimes d’un continuum de violences, l’une entraînant une autre. La stratégie de l’agresseur se déploie dans le temps. Les violences psychologiques participent à la création d’un phénomène d’emprise sur la victime, à coloniser son esprit pour la rendre captive de la sphère conjugale. La violence psychologique est reconnue dans la loi palestinienne néanmoins, il n’existe pas d’articles criminalisant l’agresseur dans ces cas.
Le diagnostic permet également de relever, la sous-représentation des violences sexuelles. Cela peut s’expliquer par l’impensé du viol conjugal dans la loi palestinienne. En effet, ce sont les femmes mineures qui déclarent des violences sexuelles en majorité alors même que ces dernières touchent l’ensemble de la population. Or, les viols conjugaux n’étant pas reconnus, ce type de violence sexuelle ne peut être objectivé dans le cadre des violences conjugales.
Plus largement, les violences envers les femmes sont peu pénalisées par la loi palestinienne, ce qui limite également la révélation des violences envers les femmes, notamment auprès des autorités.
Le profil des agresseurs
Les données obtenues montrent que les principaux auteurs des violences envers les femmes sont les époux et les membres de la famille. La violence a donc lieu en majorité dans les espaces privés et domestiques, là où la parole des victimes est la plus cloisonnée par le poids de la famille. Ainsi, ce graphique montre que près de 85% des agresseurs sont connus par la victime au moment des faits, pour les faits révélés auprès de la police. Pour l’association des Femmes Travailleuses, c’est l’ensemble des victimes qui ont subi des violences dans le cercle intrafamilial.

Chiffres obtenus par la Division de la Protection Familiale de la Police de Djénine

Chiffres obtenus par l’association des Femmes travailleuses
La réalité de la violence économique
Les associations de terrain telles que Canaaniat et Al Najda sont également des acteurs clefs dans l’accueil et la protection des femmes. En 2021, 61 femmes victimes se sont présentées à Canaaniat dont 66% pour des cas de violences économiques. De la même manière, 71% des femmes accompagnées par Al Najda étaient en situation de violences économiques. Ainsi, les femmes s’orientent vers les associations dans le but de trouver solutions face à une précarité financière importante, causée par la confiscation de l’argent, le déni d’assistance économique ou encore le non-versement des pensions qui place les femmes en situation de vulnérabilité extrême et qui les fait s’orienter vers les associations.
La problématique du mariage forcé
En Palestine, il n’existe pas de loi nationale unifiée concernant le mariage. A Gaza, la loi égyptienne régit les relations entre époux. En Cisjordanie, c’est la loi jordanienne qui est appliquée. De même, certaines législations découlent de la loi islamique. Pour autant, après la ratification de la Convention pour l’Elimination des Discriminations contre les Femmes (CEDAW), l’Autorité Palestinienne a adopté une loi remontant l’âge du mariage à 18 ans pour les deux époux. Cependant, des exceptions peuvent être prononcées par le juge, en cas de circonstances particulières, si la femme et l’homme sont consentants. Ces circonstances particulières ne sont pas précisées par la loi, mettant à mal la protection des jeunes filles contre les mariages précoces.
En 2018, la loi palestinienne a également évolué vers une meilleure protection des femmes victimes en supprimant la possibilité en cas de violences sexuelles, que l’agresseur puisse se marier avec la victime.
En 2021, le Ministère des Affaires Sociales de Djénine a eu 25 signalements de mariages précoces et forcés. Ces chiffres, sous-estimés, montent que la mise en œuvre de la loi, dans des contextes de vulnérabilité reste complexe.
A ces chiffres, les coordinateurs locaux répondent par un plan d’action autour de 4 axes: prévention protection, formation et plaidoyer juridique permettront de renforcer la culture de la protection locale.
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Observatoire international des violences envers les femmes (Seine-Saint-Denis)
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