Les chiffres des violences faites aux femmes à Ngazidja
Dans le cadre de la semaine "Femmes du Monde en Seine-Saint-Denis", les délégations partenaires de Palestine et des Comores ont présenté leurs premiers chiffres. Grâce à leur travail Myriam Abdallah, coordinatrice de l'Observatoire des violences envers les femmes et les mineures et Inès Zaky, Service Civique aux Comores durant 6 mois, ont obtenu ces précieuses données permettant de mieux connaître la réalité locale.
Ce diagnostic a été réalisé grâce à l’appui de nombreux partenaires locaux issus de la société civile et des institutions gouvernementales:
- Gendarmerie
- Brigade des moeurs et des mineurs
- Parquet
- Service d’Ecoute
- Hifadhu
Ainsi, le travail partenarial a permis de mettre en exergue l’itinéraire différencié des victimes selon leur âge ainsi que l’identité des auteurs.
La détection des violences faites aux femmes
Sous tutelle du Ministère des Affaires Sociales, le Service d’Ecoute ouvert en 2004 est l’unique ligne téléphonique des Comores qui a pour but de prendre en charge les enfants et femmes victimes de violences. Au-delà de fournir une première aide dans la libération de la parole, le Service d’Ecoute fourni un accompagnement médical et juridique aux victimes.
Les premiers chiffres fournis par le Service montrent une surexposition des femmes mineures aux violences sexuelles. Les cas enregistrés de violences sexuelles chez les mineures ne cessent d’augmenter selon les rapports de l’Unicef car l’omerta se lève peu à peu − avec le soutien de la loi comorienne qui punit tout acte sexuel sur mineure.
Les autres types de violences, telles que les violences physiques ou psychologiques sont encore peu détectées, et ce à destination de toutes les tranches d’âge. Pour autant, les violences sexistes et sexuelles à l’encontre des mineures et des femmes s’inscrivent quasiment systématiquement dans un continuum dans lequel les différentes formes de violences (physiques, psychologiques, verbales, sexuelles) se cumulent dans le but d’isoler et anéantir la capacité d’opposition et résistance des victimes.
Le profil des agresseurs
Les données obtenues auprès des différents partenaires permettent d’observer une différence de profils des agresseurs selon que les violences soient révélées auprès des institutions ou des associations. Alors qu’auprès de la société civile, la majorité des signalements concernent des personnes de l’entourage proche, la traduction en justice implique d’abord des agresseurs inconnus. Plus de la moitié des plaintes étaient effectivement déposées contre un inconnu, le reste se révélant à l’encontre d’un proche, du conjoint et en dernier lieu d’un membre de la famille.
Les observations de terrain montrent que le poids de la société et la loi du silence sont des éléments d’autant plus puissants pour faire taire les femmes victimes et les culpabiliser. Cela se reflète dans les poursuites judiciaires engagées par les femmes et les filles, qui portent plus facilement plainte lorsque les agressions sont perpétrées par des inconnus, bien que les chiffres complémentaires des associations de terrain nous informent que les violences ont aussi lieu très souvent dans le cercle proche de la victime (conjoint, famille, proches). Cependant, l’accueil réservé à la victime par son village, sa communauté et sa famille ne facilite pas le processus de révélation des violences puisque l’entourage se manifeste souvent par le rejet et l’humiliation de la victime. C’est un facteur qui explique que dans plusieurs cas portés à la justice, des femmes et filles retirent leur plainte ou se voit imposer un recours à l’amiable.
Ces chiffres révèlent la nécessité de la sensibilisation aux violences conjugales et en particulier aux violences sexuelles et économiques afin d’obtenir une meilleure détection des victimes et de briser la loi du silence. Ils permettent à l'Observatoire de Ngazidja de mettre en place un plan d'action pour lutter contre les violences envers les femmes basé sur ces observations du terrain.
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